Notes

Petits pas sur Twitter... grand pas vers l’intolérance (?)

Enfin des pas déjà anciens puisque ma première connexion date des élections présidentielles. L’envie de partager un changement attendu, de railler l’ancien président avec d’autres. Par quelques mots, quelques formules claquantes.
Bref le pouvoir a changé, chouette ! J’arrête le réseau social ou je continue ? Bon je poursuis, des personnes m’amusent, j’ai des infos rapidement, je peux par moment dans la journée, échanger avec des inconnus. Des échanges futiles, engagés, drôles, bêtes mais jamais méchants.
Et puis...
Twitter m’agace.
Les propos deviennent par moment extrêmement vulgaires, grossiers, intolérants.
Je vois apparaître des échanges violents. Tout à coup, derrière un écran, un pseudonyme, un avatar (ou pas) tout est permis. On n’échange plus, on s’insulte déjà à deux, puis trois, quatre. On forme des bandes virtuelles et on se menace.
On ne s’écoute plus, à quoi bon... Un peu comme si (sans faire de la psychologie à 2 euros) trop de frustrations, trop de déceptions dans la vie réelle devaient se vomir sur l’écran. Et puis trouver celui qui va recevoir ma poubelle à problèmes et se débrouiller avec. Cela m’a donné l’occasion de lire des échanges où je me sentais dans la quatrième dimension, médusée par tant de colère voire de haine.
Souvent, je me posais la question, ces gens sont-ils vraiment représentatifs, est-ce la même chose dans la vie réelle ?
Du coup, je me suis mise à parler à des collègues dont je connais les idées plutôt différentes des miennes. Je rassure, le dialogue est possible. On peut même être d’accord quelquefois sur deux ou trois détails. D’ailleurs, j’ai été surprise de voir que tout le monde est d’accord pour dire que la société telle qu’elle est aujourd’hui ne fonctionne plus. Trop d’inégalités, d’injustices...
Ouf on est ok pour une autre société, bon sûrement pas tout à fait la même mais c’est déjà ça.
Alors c’est qui ces gens sur Twitter qui s’insultent à longueur de journée ?
Et puis....
Le mariage pour tous
Je suis frappée par les propos de politiques et de personnes de droite et/ou catholiques.
J’ai eu une éducation catholique, baptême, communion... une grand-mère croyante, pratiquante, la messe tous les dimanches. Des discours sur le bien et le mal.
J’ai compris que voler c’était pas bien, qu’il fallait aider son prochain et être gentille sinon ça allait mal se passer pour moi après ma mort.
Bon en grandissant, j’ai pris beaucoup de recul avec la religion catholique. Je m’en suis même totalement détachée. Peu importe les raisons, mais j’ai gardé du respect pour les croyants.
Par égard à ma grand-mère et ses convictions toujours si justes à mes yeux.
Ma grand-mère était une personne gentille, tolérante, elle a connu tellement de tragédies dans sa vie. J’ai vu que sa croyance l’aidait à rester debout, à garder le sourire et à aimer sa famille et les autres aussi. Alors qu’elle aurait pu tout remettre en question, non elle est restée attachée à sa bible.
Et moi, je ne pouvais que remercier son Dieu de l’aider d’autant plus que mes mots ne suffisaient pas face à son chagrin.
Et pourtant, sa croyance ne l’a jamais empêchée de nous parler de préservatifs. Un jour je lui ai demandé "pourquoi en étant si croyante, elle n’approuvait pas tout ce que disait le pape?" Elle m’a répondu :
« il faut aussi être de son temps, le sida est une terrible maladie, j’ai perdu des enfants, je refuse de voir mourir un de mes petits-enfants. »
Bref où je veux en venir ?
A une chose très simple, être de son temps. C’est comprendre les mutations de la société, des individus et apprendre à accepter les changements.
L’homosexualité ne devrait plus être un problème depuis longtemps. Le fait que « naturellement » un couple gay et lesbienne ne puisse pas avoir des enfants ne peut pas expliquer le rejet de l’Église.
Par mon expérience professionnelle, j’ai côtoyé des centaines de jeunes, élevés dans des familles différentes, avec des histoires particulières. Il n’y a pas de généralités, ni de règles. J’ai vu des enfants élevés par dans des familles nombreuses, réussir et être heureux, j’ai vu des enfants de familles monoparentales heureux et réussir, j’ai vu des enfants de couples homosexuels, heureux et réussir. J’ai côtoyé des jeunes homosexuels, tristes et d’autres affichant haut et fier leur différence, j’ai entendu des enfants de couples hétérosexuels dépressifs et suicidaires. J’ai vu un enfant se taillader les veines de ne pas être compris par ses parents.
J’ai entendu des parents mépriser leur enfant. J’ai consolé une mère seule face à son adolescent rebelle. J’ai vu de l’amour, de l’indifférence, de la violence dans toutes les cellules familiales.
L’enfant, cet être si complexe, si attachant, si pénible aussi. Peu importe, la composition de sa famille, il a juste besoin de comprendre le fonctionnement de sa vie.
Autrefois, au catéchisme avec la complicité du pouvoir en place, on nous répondait simplement, la vie sur terre est une étape, on doit travailler, se marier, avoir des enfants, une maison... ensuite, il y a une autre vie, plus sympa, plus tard au paradis.
Seulement voilà, ce discours ne marche plus autant, et puis, cette vie, qui s’allonge, pourquoi ne la vivrais-je pas pleinement ?
Alors ?
Alors peu importe la famille, l’essentiel est de devenir un adulte responsable et épanoui.
C’est pourquoi, je n’arrive pas à comprendre les arguments des anti-mariage et adoption pour les couples homosexuels. Certains, je sais que c’est juste pour provoquer et se venger d’une vie médiocre. Ils n’ont pas le courage de reprendre leur vie en main. Alors, ils ont besoin de se défouler. Ils auraient pu choisir un autre sujet de société. Il y a ceux qui ont la pathétique ambition d’être médiatisé, ou simplement rêvent d'être suivi par quelques centaines de personnes dans les réseaux sociaux. La fameuse minute de célébrité d’Andy Warhol
Et puis, il y a les influençables, quelqu’un leur dit l’homosexualité « c’est mal », du coup, comme des robots ils répètent le discours. Le libre arbitre, ne s’acquiert pas si facilement contrairement à ce que je pensais.
Je m’aperçois qu’il est plus facile d’hurler avec des loups malhonnêtes que de se poser tranquillement et, de se questionner vraiment.
De plus, se servir de sa croyance et de ses valeurs pour argumenter contre le mariage pour tous est un mensonge. Les textes religieux propose une lecture du monde, mais n’impose à personne des modèles. Ceux qui se servent de la religion pour dicter des règles, sont des imposteurs ou des incultes qui n’ont rien compris aux écrits.
Aujourd’hui, je trouve inadmissible et condamnable, de se servir d’une croyance spirituelle pour rejeter des hommes et surtout, d'imposer un modèle de famille comme s’il était le seul admis et possible.
Votre vision de la famille est respectable mais ce n’est pas la seule envisageable. Vous devez l’admettre et passer à des combats urgents : pauvreté, maltraitance, illettrisme...
Par votre intolérance, vous insultez ma grand-mère et je ne suis pas sûre que votre Dieu vous le pardonnera.
@CatCanelle