NotesWhat is notes.io?

Notes brand slogan

Notes - notes.io

La crise grecque : mythes et solutions
posté le 20 janvier 2013
" Greek crisis myths and solutions" est une série en quatre volets à propos de la crise grecque parue pour la première fois dans ABCDEF48 publication Publo.
Première partie : les mythes de la fiscalité, la corruption et l'euro
Paresse, non soumission à l'impôt, corruption, dépenses, attaque de l'État providence, Grecs
La bombe à retardement de la crise grecque a explosé médiatiquement en décembre 2009. A la suite de l'effondrement de Lehman Brothers l'année précédente et d'un resserrement du crédit interbancaire, l'événement connu sous le nom de "Krach du crédit" qui avait dominé les médias auparavant a cédé la place aux problèmes de dette exponentielle du gouvernement grec. A l'époque, la Grèce, avec une population d'environ 10 millions d'habitants et un PIB par habitants de 24.000 dollars pouvait être comparée à l'État américain de Louisiane qui compte la moitié moins d'habitants mais avec un PIB deux fois supérieur. [1]
En dépit de sa petite taille, le problème qui se pose à la Grèce est celui de l'effet que la crise de la dette souveraine a sur ses partenaires de la zone Euro. Par effet domino, cela met encore plus de pression sur une économie mondiale affaiblie. Soudainement, juste avant Noël 2009, la Grèce s’est trouvée placée sous la pression des responsables européens qui lui réclamaient de remettre les choses en ordre chez elle. Récits et éditoriaux émanant de médias principalement d'Europe du Nord ont circulé, insinuant ce que tout le monde pensait : que les Grecs (comme la plupart des Européens du sud) étaient des paresseux et ne voulaient tout simplement pas payer d'impôts. Et qu'en tant que tels, ils étaient irresponsables et méritaient de subir des épreuves le temps nécessaire pour qu'ils assument leurs responsabilités. C'est à partir de ce point que le premier mythe de la crise grecque est né. Comme dans la plupart des autres pays du sud de l'Europe, l'attitude envers les autorités, l'observation de la loi et le fait de s'y soumettre y sont différent que dans d'autres parties, conservatrices, de l'Europe. La Grèce, comme l'Italie ou l'Espagne, a un passé fasciste. La résistance acharnée et la désobéissance civile y sont plus courantes que dans ses voisins plus placides du nord. Pour une multinationale ou une personne extrêmement riche, échapper à l'impôt est bien vu, mais quand il s'agit de la majorité du peuple, c'est considéré d'une certaine façon comme immoral. Même si le fait d'échapper au fisc est répandu à travers la Grèce et la Méditerranée, la responsabilité est à rechercher dans le mode de collecte de l'impôt. Les citoyens allemands, anglais et américains ne paieraient pas autant d'impôts s'ils n'y étaient pas obligés. La plupart des gens rouleraient plus vite si le code de la route n'était pas appliqué par les forces de l'ordre : personne n'y ferait attention à moins d'y être obligé. Ce problème de mauvaise collecte de l'impôt est aussi lié à la corruption. Et en Grèce, personne ne nie, cependant, que là où il y a de la corruption, il y a quelqu'un qui corrompt. Il suffit de taper "Siemens corruption" sur Google et de passer en revue quelques-uns des 220.000 résultats, "BAE corruption" (223.000 résultats) ou "Deutsche Bank corruption" (422.000). Quant aux travailleurs grecs prétendument paresseux, d'après l'OCDE, les Grecs travaillent 2.017 heures par an, plus que leurs homologues européens.
Admettre que l'on contourne l'impôt en Grèce est une chose. Mais suggérer que la Nation toute entière est corrompue est un préjugé corrompu en lui-même. Le fardeau accablant de l'exceptionnelle dette courante repose sur la majorité des Grecs et de leurs enfants qui respectent la loi. En plus, la plupart des mesures d'austérité comme la réduction des retraites et des salaires ont un impact plus fort sur les plus pauvres. Par ailleurs, comme un pourcentage important des revenus fiscaux est collecté via la TVA (qui atteint 23 %, l'une des plus élevée de l'Union européenne), les consommateurs peuvent difficilement y échapper puisqu'elle est intégrée au prix d'achat. En revanche, les entrepreneurs peuvent échapper à la TVA à hauteur de montants massifs. D'autre part, une façon de collecter l'impôt dont l'usage est répandu en Grèce, passe par les factures de la compagnie d'électricité publique DEI. Venant s'ajouter à la part dédiée aux unités d'électricité fournies, des taxes directes sont collectées pour un vaste panel de redevances gouvernementales, depuis l'audiovisuelle (télé/radio, à l'image des taxes qui financent la BBC) jusqu'à la nouvelle taxe foncière imposée à tous. Enfin, la taxe sur les communications par mobiles (de 10 %, ensuite augmentée à 12,5 %) imposée en 2009 est une fiscalité directe promulguée après très peu de concertation à un moment où les taxes sur l'essence et l'alcool ont été accrues avec leur TVA sautant de 19 % à 21 %. Selon le rapport Deloittes de 2006/2007 sur l'imposition de la téléphonie mobile au niveau mondial (avant que la nouvelle taxe ne soit mise en oeuvre), la Grèce est le 9e pays le plus cher du monde pour se servir d'un téléphone portable. [3] Les mesures fiscales listées ci-dessus sont toutes des exemples de fiscalité directe. Pour les Grecs ordinaires, elles sont difficiles voire impossible à éviter. En général, la corruption et le non-paiement des impôts, en terme d'habitude, de nombres de personnes concernées et de montants totaux, relèvent directement de la faute d'un petit nombre de personnes, qui sont non seulement facilement identifiables mais surtout, par leur rôle politique, leurs intérêts et leur clientélisme, complices des causes de la crise de la dette. Comment est-il possible que quelqu'un qui possède de l'immobilier, des voitures, de la terre et des capitaux ne paie pas d'impôt ?
A la racine du problème, tout commence en février 1992 avec la signature du traité de Maastricht. En particulier, l'union monétaire européenne a lancé le processus de la monnaie unique européenne. L'Euro a été lancé le 1er janvier 1999, la Grèce le rejoignant un an après. L'effet positif immédiat pour la Grèce et beaucoup d'autres États fut la disponibilité de prêt à bas taux d'intérêt sous la forme de titres gouvernementaux qui sont passés sous la barre de 5% en 2002 après l'introduction des pièces de monnaie et des billets. [4] Cependant, des effets négatifs en Grèce ont été immédiatement constatés : des entreprises sans scrupule ont utilisé l'adoption de l'Euro comme une excuse pour réduire le pouvoir d'achat de leurs clients avec un taux de change défavorable engendrant de réelles hausses de prix. Ces pratiques n'étaient pas propres à la Grèce et des histoires similaires ont circulé à travers l'Europe. Néanmoins, cela a été contrebalancé par des prêts moins chers pour tous. Les banques ont travaillé dur pour arroser les citoyens européens qui ne se doutaient de rien. Il n'était pas rare à l'époque de recevoir des appels d'institutions financières offrant des prêts à taux d'intérêts bas avec très peu de vérification de la capacité à les rembourser. En Grèce en particulier, l'adoption de l'Euro et, en vérité, l'appartenance à l'Union européenne était une opportunité pour résorber la fracture entre les économies riches et pauvres (du nord et du sud). En tant que citoyens européens, les Grecs voulaient l'équité dans la protection sociale par rapport aux États du nord. De fait, des volets du traité de Maastricht incluaient le chapitre social qui était censé protéger les droits des travailleurs. Les allocations chômage et familiales ont été rapprochées des standards européens et, brièvement, les Grecs de la rue en ont bénéficié. Mais ici réside le second mythe de la crise grecque. Parmi les réprimandes faites à la Grèce, on a prétendu que les gouvernements grecs successifs utilisaient de la monnaie pas chère pour suborner leur électorat avec les prestations de l’État providence. Ce point de vue était fort dans les autres économies des pays « PIGS » que sont l’Italie, le Portugal, l’Espagne et particulièrement l’Irlande. Les dirigeants de ces États endettés tenaient absolument à prendre leurs distances vis-à-vis des problèmes de la Grèce dans le but d’attirer de l’argent pour se renflouer et d’adoucir les conditions qui y étaient rattachées. La Grèce comme l’Italie fonctionnent traditionnellement sur la base d’un système clientéliste. Les emplois-clés, notamment dans le service public, sont des récompenses de faveurs politiques. Ceci est connu et toutefois largement toléré, à tort, par les sociétés grecques et italiennes, mais ce n’est pas pire que le « old boys network » britannique ou des pratiques similaires en France et en Allemagne. Le système américain incorpore le lobbying mais on pourrait argumenter que c’est tout aussi corrompu.
Au-delà de la corruption et des allocations de l’État providence, le problème intrinsèque de la monnaie unique allait de toute façon poser des difficultés. La notion d’une Europe à deux vitesses était évidente avant Maastricht et la perte de la capacité des États à dévaluer leurs propres monnaies aurait dû être mieux comprise dans l’ensemble de l’Europe et pas seulement par la Grèce et la zone méditerranéenne. En outre, les différences d’échelles et de puissance entre chaque économie au sein de l’Euro nécessitaient un équilibrage des richesses (du nord au sud). Ce qui impliquait que les infrastructures et les économies les plus faibles en Europe soient modernisées au niveau de celles du nord. C’est la raison pour laquelle les Grecs de la rue ont été aux premiers rangs pour se saisir de l’Euro. Ce processus aurait dû suivre un chemin identique à celui de l’intégration de l’ex-RDA au sein de l’Allemagne. Bien sûr, cela a coûté beaucoup d’argent aux Allemands (de l’ouest) mais était nécessaire pour que l’Allemagne progresse. Il faut aussi noté que l’Allemagne n’a pas financé la transition toute seule et que les autres pays de l’OCDE, en particulier les États-Unis, ont contribué avec de l’argent et des ressources afin que cela soit un succès.
La question de la fiscalité, de l’Europe à deux vitesses, de l’Euro et de l’Union européenne se réduit au simple concept suivant : des États et des citoyens acceptant ou pas le fait d’aider ceux qui sont plus déshérités ou moins riches qu’eux.

     
 
what is notes.io
 

Notes.io is a web-based application for taking notes. You can take your notes and share with others people. If you like taking long notes, notes.io is designed for you. To date, over 8,000,000,000 notes created and continuing...

With notes.io;

  • * You can take a note from anywhere and any device with internet connection.
  • * You can share the notes in social platforms (YouTube, Facebook, Twitter, instagram etc.).
  • * You can quickly share your contents without website, blog and e-mail.
  • * You don't need to create any Account to share a note. As you wish you can use quick, easy and best shortened notes with sms, websites, e-mail, or messaging services (WhatsApp, iMessage, Telegram, Signal).
  • * Notes.io has fabulous infrastructure design for a short link and allows you to share the note as an easy and understandable link.

Fast: Notes.io is built for speed and performance. You can take a notes quickly and browse your archive.

Easy: Notes.io doesn’t require installation. Just write and share note!

Short: Notes.io’s url just 8 character. You’ll get shorten link of your note when you want to share. (Ex: notes.io/q )

Free: Notes.io works for 12 years and has been free since the day it was started.


You immediately create your first note and start sharing with the ones you wish. If you want to contact us, you can use the following communication channels;


Email: [email protected]

Twitter: http://twitter.com/notesio

Instagram: http://instagram.com/notes.io

Facebook: http://facebook.com/notesio



Regards;
Notes.io Team

     
 
Shortened Note Link
 
 
Looding Image
 
     
 
Long File
 
 

For written notes was greater than 18KB Unable to shorten.

To be smaller than 18KB, please organize your notes, or sign in.