Notes

La vindicte populaire est aveugle et sanguinaire. Elle aime se repaître en nombre de sang, et se complait dans le carnage.
Elle est piètre juge et n'agit que sous le coup de la passion, sans jugement aucun, ni recul sur sa pensée et ses actes, sans considération pour les principes directeurs qui régissent la matière pénale.
Un nom lui suffit sans preuve, la simple affirmation d'un fait vaut parole d’Évangile.

L'opinion publique ? Disait Vincent de Moro-Giafferi : "Chassez-là, cette intruse, cette prostitué qui tire le juge par la manche ! C'est elle qui, au pied du Golgotha, tendait les clous aux bourreaux, c'est elle qui applaudissait aux massacres de septembre et, un siècle plus tard, crevait du bout de son ombrelle les yeux des communards blessés."

Lui donner un nom n'est pas chose sage, car l'opinion publique n'est pas sage en ces circonstances. Il n'y a dès lors plus de présomption d'innocence Le droit à un procès équitable est simplement occulté, il n'est plus applicable aux "présumés coupables" d'infractions qu'elle considère comme particulièrement grave.

Ce que je pointe du doigt ici ? Ce n'est non pas le fait de dénoncer un comportement nauséabond. Mettez en lumière tout ceci, que la conscience s'éveille. Montrez aux gens ce qu'ils ne voient pas ! Que les comportements changent par votre action ! J'approuve cette démarche. Dénoncez votre porc, très bien ! Mais sans preuve (et je sais à quel point il est compliqué d'établir des preuves en pareil cas), par pitié, ne livrez pas de noms.
S'il doit être livré, que cela ne se fasse que dans un cadre garantissant aux concernés, l'effectivité de leurs droits les plus élémentaires.

Je n'oublie pas que derrière un nom, il y a un présumé innocent, il y a une vie, une famille qui peut être détruite du jour au lendemain sur la seule base d'une affirmation, une réputation et un honneur qui peuvent être souillés car un réseau social en aura décidé ainsi.
Et de ce choix arbitraire, ils graveront à jamais sur son front, car ils l'auront décidé ainsi, COUPABLE.

Ici je m'éloigne du domaine juridique, mais ce sujet me fait penser à un épisode de black Mirror intitulé "Haine virtuelle".
[SPOILERS]
Avec un simple Hashtag (#DeathTo) sur un réseau social, des internautes ont le pouvoir de mettre à mort quelqu'un. Tout un chacun devient jury, juge, bourreau.
Qui pouvez-vous mettre à mort ? Qui vous voulez !

Sans aller jusqu'à la mise à mort en notre cas, le rôle des utilisateurs du réseau social garde pourtant son triptyque : Jury, Juge, Bourreau.

Qui pouvez-vous détruire ? Qui vous voulez !