Notes

Après 7 ans de visionnage, je viens de terminer The Vampire Diaries.

Commencée en 2010, pour étoffer mes conférences sur les vampires à l'écran lors des conventions Twilight, on m'avait prévenu "ca ne devient bien qu'à partir de l'épisode 6, où il se passe réellement des choses". Comprendre où le romantisme exacerbé façon Twilight s'estompe.

Sauf que je suis un grand romantique, que j'aime le soap, et dès le premier épisode j'adhérais au Journal d'un Vampire, dans la Team Stefen à qui je resterais fidèle jusqu'au bout.

D'abord parce que mon rapport à la fiction passe d'abord par l'image. Et l'esthétique de The Vampire Diaries m'a toujours beaucoup plu, même pendant les saisons moins captivantes. Sans révolutionner le genre, la série est filmée avec un solide sens de l'image. Avec une photographie crépusculaire et expressionniste, allant parfois jusqu'à exclure les decors du champs (via des ombres ultra marquées.) Avec de très gros plans sur les visages, très rare à la télévision. (Le spectateur qui zappe doit pouvoir identifier rapidement le lieu, les personnages et l'action). Et un travail remarquable d'étalonnage, un peu artificiel au premier abord mais en réalité coherent avec le propos.

Ensuite il y a la violence. La violence émotionnelle et surtout visuelle. Kevin Williamson qui co-produit la série avec Julie Plec, vient de la romance douce-amer Dawnson's Creek. Mais il est aussi le scenariste culte des 4 films Scream et de Souviens Toi l'Été Dernier. L'horreur, il connait. Et pour un programme grand public teenager, la série peut être particulièrement graphique quand elle montre la violence (façon CW, on est pas sur HBO). Joss Whedon racontait d'ailleurs regretté ne pas avoir été plus horrifique sur Buffy.

Il y a également une grande leçon de narration. À l'époque où la série est lancée, en 2009, il y a deux modèles et courant de narration : les séries stand alone avec des épisodes indépendants auquel s'ajoute parfois un un arc principal, ou les séries complexes, feuilletonnantes, avec une grande et unique histoire sur toute une saison (ou toute une série). Mais là où Jack Bauer mets une saison à regler son compte au terrorise, ou alors où Susan Mayer met 23 épisodes à comprendre ce que cachent ses voisines, The Vampire Diaries n'attends pas. La série est capable de créer un noeud dramatique complexe, et de le désamorcer dès l'épisode suivant, sans jamais faire redescendre la tension. Les rebondissements sont nombreux mais jamais au détriment de la caractérisation des personnages. Les héros ne sont jamais sacrifié à l'hôtel des twists et autres surprises. Concept réutilisé et démocratisé par Shonda Rihmes avec Scandal quelques années plus tard. Maintenant Abc et ses concurrents usent et abusent de ce procédé narratif, avec ou moins de succès.

Parlons aussi des comédiens. Souvent dans les séries teenager avec des héros féminines au centre, la chaîne vise une cible de jeunes femmes et de jeunes garcons homosexuels qui seront appréciés la plastique des acteurs. Problème récurent, à engager d'anciens mannequins façon Abercrombie, le jeu en pâtie souvent. Mais le casting de The Vampire Diaries est particulièrement malin et le charme et le talent des acteurs priment sur leur physique, très agréable au demeurant. Nina Dobrev, monotone dans le rôle d'Elena, dévoile son talent au fil des saisons avec deux, trois, cinq... rôles différents. Ian Somerhalder et Paul Wesley démontrent au fil des épisodes qu'ils sont plus qu'un physique avec une composition tout en nuance des héros qu'ils incarnent, tour à tour bon, mauvais, entre les deux, on ne sait plus trop... et c'est ca qui fait la force de la série.

Enfin, sujet qui m'intéresse particulièrement, la représentation LGBT à la télévision, The Vampire Diaries fait des tentatives (pas toujours reussi) pour avoir des personnages homos à l'écran. Un echec dans la saison 6 avec un jeune homme qui n'a de gay que l'identité sexuelle qu'il annonce sans jamais agir dessus. Un homo invisible. Mieux avec le couple de vampires lesbiennes dans la saison 7. Pas forcément le couple le mieux ecrit de la série mais un bel arc sur 17 épisodes (avec une fin... très "traditionnelle" pour les couples lesbiens à la tv...). Bien avec son spin off The Original et son personnage gay qui se développe au fur et à mesure des saisons avec son propre arc narratif.

Enfin, malgré de grosses faiblesses d'écriture une fois passé l'episode 100, il y a la fin. Sans ne rien révéler, une fin de série n'est jamais évidente, souvent loupée (Lost, Dexter, Gossip Girl..) mais ici les scenaristes ont reussi l'exploit de mélanger fan service et surprises scénaristique sans tromper les spectateurs, avec beaucoup de consistance quand aux 8 années que nous avons passé avec les héros. Une grande fin épique et romanesque, pour une serie que les spectateurs avaient commencés à délaisser et que les Showrunners auraient pu bâcler, faute d'audience.
C'était sans compter sur l'amour que Julie Plec, Kevin Williamson et l'équipe creative porte à leur série. Avec "I was Feeling Epic", The Vampire Diaries se conclu avec force et mélancolie. #TVDforever