Notes

7 janvier 1978 - District 6

Nos hovercraft, nos trains à grande vitesse, et notre cargaison de trains viennent à nous du district Six. Ironie du sort, les citoyens ont ici peu d'amour pour le voyage. C'est une légende bien connue, dont on entend parler chaque année dans les Hunger Games. Ici, la population n'est ni vraiment pauvre ni vraiment riche, et la plupart des survivants sont devenus accro à la morphine, après leurs Jeux. Par ailleurs, dans une édition qui n'est jamais entièrement diffusée, il paraît que l'un des tributs du Six, qui s'appelait Titus, est devenu fou au cours des Jeux et a eu recours au cannibalisme avant d'être tué dans une avalanche. J'ai aussi remarqué que les quatre tributs du Six de mes Jeux ont appris vite à l'entraînement malgré une grande méconnaissance en matière d'armes. Deux d'entre eux sont d'ailleurs arrivés assez loin dans les Jeux : deux sont morts à cause du volcan, un autre à cause d'un tribut du Trois, et j'ai tué le dernier qui m'avait attaqué par surprise et blessé à la jambe alors que je m'étais autorisé une pause au bout de plusieurs longues heures de marche. Ce district fait partie de ceux qui ont un rapport aux Hunger Games des plus mauvais. Ils ne seront pas difficiles à convaincre.

Quand je suis arrivé sur l'estrade, j'ai décidé de rendre moins provocateur que je l'avais prévu, mais il contenait tout de même un grand nombre de sous-entendus. De toute manière, les gens avaient déjà entendu mes discours précédents, notamment celui du Huit. Une chose qui m'a marquée était que les gens présents étaient moins nombreux que dans les autres districts, et j'ai compris rapidement pourquoi : ils étaient entièrement entourés de Pacificateurs, ils ne faisaient pas simplement la séparation entre la foule et l'estrade. Leurs armes étaient sorties, pointées sur les gens, les empêchant de réagir à mes paroles. L'une d'elles était même braquée sur moi, mais j'ai quand même fait ce que j'ai prévu. Si Snow ne m'a pas tué en même temps que ma famille, c'est qu'il ne veut pas ma mort. Me savoir souffrir a dû être bien plus jouissif pour lui.

Bien évidemment, en plus de mes habituelles intentions de lancer une révolte, j'ai rendu hommage aux tributs de ce district, notamment à celui que j'avais tué et dont j'avais du mal à soutenir le regard même à travers un simple portrait informatique. Le regard de sa mère m'était tout aussi hostile.
Mon discours n'est pas parti en émeute. A vrai dire, les gens de ce district semblaient mitigés. Ils se retrouvaient face à l'homme qui leur avait pris un enfant, mais qui représentait également un espoir qu'ils doivent avoir depuis longtemps : celui de mettre fin aux Jeux et à ce système totalitaire en général. J'imagine bien ce qu'ils doivent éprouver en me voyant, et choisir laquelle des deux choses est la plus importante ne doit pas être évidente.

Malgré le climat tendu, j'ai quand même eu droit à ma petite visite du district. C'était l'un des gagnants morphinomanes qui m'a fait visiter les usines fabriquant les hovercraft et les trains, et qui m'a un peu expliqué comment les choses fonctionnaient. J'ai trouvé cela réellement fascinant. On n'a jamais abordé le sujet qui fâche, celui des Jeux, ce qui nous a permis de nous entendre. J'ai également remarqué, au cours de ma visite, qu'il y avait des Pacificateurs partout. Sans doute étaient-ils déjà là, même avant mon discours. Il y en a énormément, dans ce district, la population semble être très opprimée. A moins qu'il y aie eu des renforts à cause de la tentative de rébellion du Huit. J'ai finalement décidé de m'en inquiéter auprès de mon nouveau collègue mentor, mais il m'a dit que c'était habituel. Ce qui ne m'a rassuré qu'à moitié. J'espère que les gens ici seront courageux et se rebelleront malgré tous ces Pacificateurs qui, contrairement à ceux du Sept, semblent particulièrement hostiles.

Finalement, j'ai quitté le district sans réussir à savoir s'ils me suivront ou non. Peut-être agiront-ils plus tard, après avoir réfléchi, lorsque je serai déjà loin du district Six. Ou peut-être pas.