Notes

10 janvier 1978 - District 3

Me voilà arrivé au district qui s'occupe de la technologie, le district Trois. L'année dernière, c'est un tribut de ce district qui a remporté les Jeux, Beetee Latier. Je me souviens qu'il a remporté ses Jeux en électrocutant six tributs à la fois et qu'il semblait d'une intelligence remarquable. A l'occasion de sa victoire, un reportage a été fait sur son district et j'ai appris qu'il s'agit également d'un district pauvre, où la plupart des gens travaillent dans les usines. Je me dis donc que celui-ci est bien susceptible de me suivre dans mes revendications. Après la froideur avec laquelle mes discours ont été accueillis au Cinq et au Quatre, retrouver un environnement favorable à la rébellion ne pourra me faire que du bien.

Je me suis fait accueillir par Beetee et sa mentore, Wiress, qui a gagné un an après mon ami Chaff, donc les 46e Hunger Games. Ils m'ont réservé un accueil pas forcément chaleureux, mais bienveillant. Nous avons discuté pendant tout le trajet jusqu'à l'hôtel de justice, et j'ai rapidement compris qu'ils entretiennent plus qu'une simple relation de tribut à mentor. En tout cas, ils vont très bien ensemble : tous deux ont beaucoup de conversation et sont intelligents. Sans doute seraient-ils à Serdaigle, s'ils avaient été à Poudlard. Ou bien à Serpent Cornu, à Ilvermorny. En tout cas, c'est typiquement le type de personnes avec qui je pourrais traîner.

Les tributs de ce district étaient tous relativement jeunes. L'une est morte d'une infection, les deux garçons, qui ont fait une alliance, ont été tués par l'un des tributs du Cinq, et la dernière a heurté malencontreusement le champ de force sans même savoir qu'il y en avait un. Ma découverte a sans doute au moins aidé la famille à savoir comment ils l'ont perdue. Comme toujours, j'ai pris quelques minutes pour leur rendre hommage, disant qu'ils se sont montrés courageux et ingénieux jusqu'à la fin. Puis, je suis passé aux choses sérieuses. Je n'ai pas eu besoin de dire beaucoup de choses pour m'attirer la sympathie du public : dès que j'ai évoqué les difficultés traversées par les districts pauvres tandis que le Capitole s'enrichissait sur notre dos et nos ressources, je me suis attiré le soutien du public. Un soutien discret, au début, et j'ai compris pourquoi en voyant les armes des Pacificateurs, sorties. Encore un district où le peuple est oppressé, c'est terrible... Mais, alors que je concluais mon discours, plusieurs habitants m'ont surpris en se jetant sur des Pacificateurs pour les désarmer, tandis que d'autres les couvraient avec des armes qu'ils ont dû concevoir en cachette. En tout cas, ils semblaient avoir un plan bien avant ma venue. Malgré leur déstabilisation, les Pacificateurs n'ont pas tardé à répliquer et c'est parti en échange de tirs entre eux et le peuple du Trois. Cette fois, je ne suis pas décidé à laisser les choses se passer comme dans le Huit. Je cherche un plan à toute vitesse. Si seulement j'avais ma baguette... Alors que ma mentore essaie de me faire rentrer, je remarque que Beetee, un peu à l'écart du capharnaüm, me fait signe. Je la repousse et le rejoins rapidement, il me tend une petite télécommande. Je la cache dans ma main et essaie de comprendre comment elle marche, mais il me dit de ne pas réfléchir et d'appuyer simplement sur le bouton. Je m'exécute, et, soudain, tous les Pacificateurs qui s'étaient regroupés pour mieux faire face aux assaillants semblent recevoir une décharge électrique. Ils tombent tous d'un coup, et je me tourne vers Beetee, le questionnant du regard. Sont-ils...

- Non, ils sont simplement assommés pour quelques heures, m'assure mon collègue en reprenant sa télécommande pour arrêter le système. - Mais ils risquent d'avoir une drôle de surprise à leur réveil. D'ailleurs, prépare un petit discours, tu vas parler à la télévision tout à l'heure.

Je comprends tout de suite ce qu'il y a à faire. Tandis que Wiress semble programmer une machine de poche qui semble brouiller les ondes du Capitole étant donné que je vois des lumières noires et blanches brouillées apparaître à l'écran qui se trouve habituellement sur le côté de l'estrade, pour que tout le monde puisse voir ce qu'il se passe su l'estrade. Pendant ce temps, un homme du district sort une caméra et s'empresse de filmer la scène. Complètement épaté par tout ce qu'ils avaient prévu, je regarde les autres habitants du Trois. Ils ont fait un tas de toutes les armes des Pacificateurs et y ont mis le feu, filmés par le cameraman improvisés. Mon regard se pose à nouveau sur l'écran : l'image y apparaît distinctement, tandis que le Capitole essaie de reprendre le dessus. Mais Wiress se fait rapidement aider et arrive à garder le contact. Beetee se place ensuite devant la caméra, qui filme à la fois le feu dévorant les armes et les Pacificateurs inconscients, qui se trouvent un peu plus loin.

- Voilà où nous avons décidé d'en arriver, commence-t-il. Nous avons décidé de révéler notre pouvoir, qui n'était qu'endormi, attendant le bon moment pour prouver au Capitole qu'il n'est pas au-dessus de nous tous. Chers amis rebelles, faites de même, et nous construirons tous ensemble un Panem meilleur. Si les Jeux ont été créés par la main de l'homme, elle peut les remettre en question.

Beetee m'adresse un regard, et je le rejoins finalement devant les caméras, prêt à ajouter mon grain de sel. N'ayant pas eu le temps de préparer un discours, je décide de l'improviser.

- Grâce aux caméras du district Trois, vous pouvez maintenant voir ce que je vous suggère. Se faire entendre, faire entendre par-dessus tout que la situation ne peut plus durer. Nous existons, et nous avons le droit à la parole. Cela fait à présent cinquante ans et demi que le peuple vit dans la terreur et il est temps que cela cesse. Montrons-leur de quoi on est capable. Snow aura beau incendier nos districts, les retourner entièrement, on ne se taira pas. On n'aura plus peur. On n'a plus de raison d'avoir peur, parce qu'on n'a plus rien à perdre.

Je me décale un peu pour montrer le feu qui prend de l'ampleur derrière moi. Les choses changent, et une profonde euphorie s'empare de moi alors que je réalise ce qu'il se passe dans mon dos. Le Trois nous a rejoint dans la rébellion, officiellement, aux yeux de tout Panem. Et il a grandement contribué à trouver un moyen d'unir les districts avec cette nouvelle télévision, la chaîne des rebelles. J'imagine déjà la tête de Snow, dans son palais présidentiel, et cela me donne de l'inspiration pour mes derniers mots.

- Vous voyez, ce qu'il se passe, en ce moment, à Panem ? Les districts s'embrasent... et si jamais nous brûlons, ils brûleront avec nous.