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« L’agriculture biologique moderne non certifiée est une approche potentiellement durable du développement agricole dans les zones qui ont un faible rendement à cause d’un accès restreint aux intrants ou d’un mauvais potentiel, elle implique moins de risques économiques qu’une agriculture basée sur l’achat d’intrants et peut augmenter le niveau de résilience face aux fluctuations climatiques », a conclu l’équipe d’Halberg. En d’autres termes, les études de terrain montrent que l’augmentation de la production due au passage à l’agriculture biologique est plus importante et consistante justement dans les régions pauvres, isolées et frappées par la sécheresse, où les problèmes de famine sont les plus graves. « L’agriculture biologique pourrait grandement contribuer à améliorer la sécurité alimentaire en Afrique Subsaharienne » affirme Halberg.

Il y a cependant d’autres problèmes à surmonter. « Beaucoup de recherches s’efforcent de mettre fin aux préjugés » explique Halberg - comme l’idée selon laquelle l’agriculture biologique serait un luxe que les pays les plus pauvres ne peuvent pas s’offrir. « Je voudrais détruire cette idée une fois pour toute. Les deux parties sont simplement trop éloignées l’un de l’autre et ils ignorent les réalités du système alimentaire mondial. » Même si une transition vers l’agriculture biologique peut augmenter la production dans les pays africains et asiatiques les plus affamés, selon ce modèle, presque un milliard d’individus souffrira encore de la faim dans la mesure où tous les excédents seront simplement exportés vers les régions qui auront les moyens de les payer.

Ces conclusions sur le rendement ne sont pas une surprise pour beaucoup d’agriculteurs biologiques. Ils ont vu de leurs propres yeux et senti de leurs propres mains à quel point ils pouvaient être productifs. Pourtant, certains partisans de l’agriculture biologique évitent même de se demander s’ils peuvent nourrir le monde, simplement parce qu’ils ne pensent pas que ce soit la question la plus utile. Il y a de bonnes raisons de croire qu’une transition vers l’agriculture biologique ne sera pas aussi simple que d’entrer des taux de rendement sur une feuille de calcul.

Pour commencer, l’agriculture biologique n’est pas aussi facile que celle qui fait appel aux produits chimiques. Au lieu de choisir un pesticide pour prévenir l’invasion d’un parasite, par exemple, un agriculteur biologique peut envisager de changer la rotation de ses cultures, de cultiver une plante qui éloignera les nuisibles ou attirera ses prédateurs - des décisions qui demandent une certaine expérience et une planification à long terme. De plus, l’étude de l’IFPRI laisse entendre qu’une conversion à grande échelle à l’agriculture biologique pourrait nécessiter que la majorité de la production laitière et bovine « soit mieux intégrée à la rotation des céréales et aux autres cultures commerciales » pour optimiser l’utilisation du fumier. Ré-introduire des vaches sur une ou deux exploitations pour fertiliser le sol peut sembler facile, mais le faire à grande échelle serait un vrai défi - et il est plus rapide de déverser de l’ammoniaque sur les sols épuisés.

Une fois encore il ne s’agit que d’hypothèses dans la mesure où une transition mondiale vers l’agriculture biologique pourrait prendre des décennies. Les agriculteurs sont des gens travailleurs et ingénieux et ils font généralement face à tous les problèmes qui peuvent se présenter. Si l’on élimine les engrais azotés, de nombreux agriculteurs feront probablement paître des vaches dans leurs champs pour compenser. Si l’on supprime les fongicides, ils chercheront des variétés de plantes résistantes aux moisissures. A mesure que de plus en plus d’agriculteurs vont se mettre à cultiver de manière biologique, ils amélioreront leurs techniques. Les centres de recherches agricoles, les universités et les ministères de l’agriculture vont commencer à investir dans ce secteur - alors que, en partie parce qu’ils partent du principe que les agriculteurs biologiques ne joueront jamais un rôle important dans l’approvisionnement alimentaire mondial, ils la négligent actuellement.

Les problèmes liés à l’adoption des techniques biologiques ne semblent donc pas insurmontables. Mais ces problèmes ne méritent peut-être pas toute notre attention ; même si une conversion massive sur, disons, les deux prochaines décennies, augmente de manière importante la production alimentaire, il y a peu d’espoir que cela éradique la faim dans le monde. Le système alimentaire mondial peut être une créature complexe et imprévisible. Il est difficile d’anticiper comment l’expansion de la Chine en tant qu’importateur majeur de soja destiné à l’élevage pourrait, par exemple, affecter l’approvisionnement alimentaire ailleurs. (Cela provoquerait vraisemblablement une augmentation des prix alimentaires.) Ou comment la suppression des subventions agricoles dans les pays riches pourrait affecter les pays pauvres. (Cela augmenterait probablement leurs revenus agricoles et réduirait la faim dans le monde.) Est-ce qu’une consommation de viande moins importante dans le monde permettrait de produire plus de nourriture pour ceux qui ont faim ? (Certainement, mais est-ce qu’ils pourraient se payer cette nourriture ?) En d’autres termes, « l’agriculture biologique peut-elle nourrir la planète ? » n’est probablement pas la bonne question dans la mesure où nourrir la planète dépend plus de la politique et de l’économie que de n’importe quelle innovation technique.

« L’agriculture biologique peut-elle nourrir la planète est en effet une fausse question » explique Gene Kahn, agriculteur biologique de longue date qui a fondé l’entreprise d’aliments biologiques Cascadian Farms et qui est maintenant vice-président du développement durable pour General Mills. « La vraie question est : pouvons-nous nourrir la planète ? Point. Pouvons-nous remédier aux disparités en matière de nutrition ? » Kahn fait remarquer que la faible différence aujourd’hui entre le rendement de l’agriculture biologique et celui de l’agriculture conventionnelle ne serait pas un problème si les excédents alimentaires étaient redistribués.

L’agriculture biologique a cependant d’autres avantages qui sont trop nombreux pour être tous cités. Des études ont montré, par exemple, que les coûts « externes » de l’agriculture biologique - l’érosion, la pollution chimique de l’eau potable et la mort d’oiseaux et d’autres formes de vie sauvage - représentaient seulement un tiers de ceux de l’agriculture conventionnelle. Des enquêtes menées sur tous les continents montrent que les fermes biologiques abritent beaucoup plus d’espèces d’oiseaux, de plantes sauvages, d’insectes et d’autres espèces sauvages que les exploitations conventionnelles. Des tests menés par plusieurs gouvernements ont révélé que les aliments biologiques ne contenaient qu’une minuscule fraction des résidus de pesticides que l’on trouve dans les autres aliments et ne contenaient pas d’hormones de croissances, d’antibiotiques et autres additifs présents dans de nombreux aliments conventionnels. Il existe même des preuves que les aliments biologiques ont des niveaux considérablement plus élevés d’anti-oxydants bénéfiques pour la santé.

Il y a également des avantages sociaux. Parce qu’elle ne dépend pas d’intrants coûteux, l’agriculture biologique pourrait aider à faire pencher la balance en faveur des petits fermiers dans les pays frappés par la famine. Un rapport de 2002 de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture notait que « les systèmes biologiques peuvent permettre de doubler ou de tripler la productivité des systèmes traditionnels » dans les pays en voie de développement, mais indiquait que la comparaison à propos du rendement donnait une « image limitée, étroite et souvent trompeuse » dans la mesure où les fermiers de ces pays adoptent souvent les techniques d’agriculture biologique pour économiser de l’eau et de l’argent et réduire la variabilité du rendement dans des conditions extrêmes. Une étude plus récente du Fonds international de développement agricole a trouvé qu’à cause de son besoin en main-d’œuvre plus élevé, « l’agriculture biologique pouvait se révéler particulièrement efficace pour redistribuer les ressources dans les régions où la main-d’œuvre est sous-employée. Cela peut aider à contribuer à la stabilité rurale. »

On obtiendrait ces avantages même sans une conversion complète à une sorte d’utopie biologique. En fait, certains experts pensent qu’il serait plus prometteur et raisonnable d’adopter une position intermédiaire, où de plus en plus d’agriculteurs choisiraient les principes de l’agriculture biologique même s’ils n’en suivraient religieusement pas l’approche. Dans ce scénario, les fermiers pauvres et l’environnement y gagneraient. « L’agriculture biologique ne fera pas l’affaire » affirme Roland Bunch, un agent de vulgarisation agricole qui a travaillé pendant des dizaines d’années en Afrique et en Amérique et travaille maintenant avec COSECHA (Association of Consultants for a Sustainable, Ecological and People-Centered Agriculture ; L’association des consultants pour une agriculture soutenable, écologique et centrées sur les populations) au Honduras. Bunch sait par expérience que l’agriculture biologique peut permettre aux fermiers pauvres de produire davantage que l’agriculture conventionnelle. Mais il sait également que ces fermiers ne peuvent pas obtenir les prix forts payés ailleurs pour les produits biologiques et qu’ils sont souvent incapables, et peu désireux, d’assumer certains des coûts et des risques liés à un passage complet à l’agriculture biologique.
Bunch préconise plutôt une « voie du milieu » une éco-agriculture ou agriculture à faible niveau d’intrants qui utilise de nombreux principes de l’agriculture biologique et ne dépend des produits chimiques que pour une petite fraction. « Ces systèmes peuvent permettre aux petits cultivateurs de produire immédiatement deux ou trois fois ce qu’ils produisent actuellement » explique Bunch. « De plus, c’est intéressant pour les petits producteurs car le prix par unité produite est moins élevé. » En plus des gains immédiats au niveau de la production alimentaire, Bunch laisse entendre que les avantages environnementaux de cette voie du milieu seraient beaucoup plus grands qu’un passage total à l’agriculture biologique car « cinq à dix fois plus de petits cultivateurs l’adopteraient par unité de sol et par investissement consacré à la formation. Ils n’enlèvent pas la nourriture de la bouche de leurs enfants. Si cinq cultivateurs réduisent de moitié leur utilisation de produits chimiques, les effets bénéfiques sur l’environnement seront deux fois et demi plus grands que si un cultivateur passe complètement à l’agriculture biologique. »

Les agriculteurs qui se concentrent sur l’amélioration des sols, l’augmentation de la biodiversité ou qui incluent du bétail dans la rotation de leurs cultures n’excluent pas l’utilisation future de culture biotechnologiques, d’azote de synthèse ou d’autres innovations pouvant augmenter la production, en particulier dans les régions où les sols sont épuisés. « Au final, si nous faisons bien les choses, nous pourrons augmenter de manière importante la part du biologique dans les systèmes conventionnels » explique Don Lotter, consultant agricole. Comme Bunch, Lotter fait remarquer qu’en termes d’avantages économiques, environnementaux et de rendements, une telle approche « intégrée » dépasse souvent à la fois les approches strictement biologiques et celles utilisant les produits chimiques de manière intensive. Pourtant, Lotter n’est pas certain de l’occurrence prochaine d’une telle évolution dans la mesure où l’agriculture mondiale n’est pas vraiment orientée vers le biologique - ce qui pourrait être le vrai problème pour les populations pauvres et affamées. « Il y a des régions immenses en Afrique Subsaharienne et en Amérique du Sud où la révolution verte n’a eu aucun impact et n’en aura probablement pas sur la prochaine génération de cultivateurs » explique Niels Halberg, le scientifique Danois qui a dirigé l’étude du IFPRI. « Il semble que les mesures agro-écologiques dans certaines de ces régions ont un impact bénéfique sur le rendement et la sécurité alimentaire. Alors pourquoi ne pas les essayer sérieusement ? »
     
 
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